Sommeil Partagé. Décodage de la fatigue, une plongée de plus en plus à l’intérieur. Découverte des portes du sommeil !
Dans les posts précédents, je vous ai présenté ce que le sommeil partagé peut faire pour vous (l’art de se reposer) : dormir moins, être plus productif, être plus en forme tout le temps, combattre la fatigue …
Je vous ai aussi décrit comment ça se passe pour un observateur extérieur (sommeil partagé, le lancement) : il s’agit de techniques de repos constitués de sommeil flash, de siestes plus ou moins longues le tout avec une structure horaire de repos décalée par rapport aux horaires normaux.
Et puis je vous ai décritles causes directes de notre fatigue.
Aujourd’hui, je vais vous montrer comment tout ça se passe depuis l’intérieur pour celui qui pratique, comme si vous étiez connectés à mes propres sensations. C’est exactement les secrets que vous ne découvrirez jamais par l’observation extérieure de ceux qui pratiquent, car effectivement TOUT ou presque se passe au niveau des sensations.
Pour cela nous allons approfondir les concepts de repos et de fatigue, en répondant à la question : qu’est ce que l’un pour l’autre ? Puis nous approfondirons le concept de fatigue sous tous ses aspects : qu’est ce que c’est ? à quoi ça sert ? comment ça marche ? enfin nous découvrirons ce dont il faut se servir dans tout ça pour pouvoir se reposer efficacement. Enfin nous apprendrons comment l’utiliser de façon pratique dans le sommeil partagé.
Attention, nous descendons à l’intérieur du mécanisme. Ce post est long, dense et IMPORTANT, prenez donc votre matériel de plongée et rejoignez moi !
Qu’est ce que «se reposer» ?
Pour commencer, il est essentiel de creuser les concepts de repos et de fatigue et se demander ce que ces deux concepts sont l’un pour l’autre.
Déjà, à travers le post sur la fatigue et ses causes, j’ai mis en relation directe le repos et la fatigue comme deux facettes d’un même problème. Et vous vous demandez peut être pourquoi je parle tant de fatigue. Peut être que vous ne vous sentez pas fatigué et que vous voulez simplement être plus en forme ? donc pourquoi parler tout le temps de fatigue ? c’est si négatif !
Tout simplement parce que le repos est une action et que la fatigue est la quantité diminuée par cette action.
En d’autres termes, se reposer, faire la sieste ou faire un sommeil flash sont des actions dont le seul objectif est de diminuer la fatigue. Aussi «se reposer» est un mot fourre tout qui ne veux rien dire de très explicite, seul «diminuer la fatigue» a un sens et une réalité objective.
C’est pour cela que la fatigue est à considérer au regard du repos comme la grandeur fondamentale et nous allons l’étudier à fond.
La fatigue une bonne variable d’étude
En plus de tout, la fatigue est une excellente variable d’étude, pour deux raisons : elle est facilement quantifiable et elle est reliée à chacun de nous par des sensation que nous pouvons aussi très bien benchmarquer (suivre son évolution).
La fatigue est quantifiable grâce à l’évaluation de ce qu’elle nous permet de faire et de ne pas faire. Par exemple on peut dire facilement que si vous ne pouvez pas sortir du lit et marcher, c’est que vous êtes très très fatiguée. Si vous allez vous coucher à 9h sans manger c’est que vous êtes très fatigué. Si vous baillez 4 fois dans la matinée vous êtes un peu fatigué etc … et si enfin vous battez tous vos records sportifs, c’est que votre fatigue est à O.
Évidemment l’échelle dépend de chacun, mais remarquez qu’il est très facile à chacun de déterminer assez précisément ou il se trouve.
La fatigue est également liée, chez chacun de nous, à des sensations bien particulières que chacun reconnaîtra à sa façon avec un peu d’entraînement. Pour certain c’est une lourdeur au niveau des paupières, pour d’autre une tension au niveau des mâchoires, pour d’autres ce sera des main plus ou moins chaudes, une sensation au niveau du ventre etc…
Avec ces deux niveaux d’appréhension de la fatigue, on peut arriver à la quantifier très finement. Et ça, c’est le point de départ de toute expérimentation scientifique. Donc on tient le bon bout !
A quoi sert la fatigue, au fond ?
Que sait on de la fatigue finalement ? On sait ce qu’elle nous empêche de faire et on sait ce qu’on ressent quand on est fatigué. Mais savez vous à quoi ça sert ?
Pour vraiment apprendre comment se reposer efficacement, LE principe utile est de considérer la fatigue comme un signal pour nous signifier que nous entrons dans un domaine où, si nous continuons ainsi, certaines de nos capacités vont baisser. Par exemple, nous n’allons avoir du mal exécuter les taches courantes efficacement, ou nous allons faire n’importe quoi, ou encore nous allons nous mettre en danger.
L’intensité du signal (du bâillement, à l’endormissement debout) dépend de la «gravité» du «danger». Ainsi un bâillement signifiera «attention, fais quelque chose, car tu va commencer à ne plus écouter le prof». Un endormissement spontané au feu rouge signifiera «je t’arrête avant que tu ne contrôle plus rien»
Donc la fatigue est un signal pour nous indiquer qu’on passe sous un seuil de capacité (voir schéma). Exactement d’ailleurs comme la soif, qui signifie que notre corps a besoin d’eau, ou la faim qui nous rappelle qu’il va falloir manger.
Décoder le signal Fatigue
Quand on a pas l’habitude d’y faire attention (et qu’on s’est toujours évertué à combattre la fatigue), la fatigue est un signal qui vient à peut près tout d’un coup et par a coups comme sur le schémas ci dessous :
Cependant, ce gros pic ne veut pas dire « attention on va passer un seuil de fatigue », mais plutôt ça y est on est passé. Il faut alors zoomer sur chaque pic pour s’apercevoir qu’avant chaque pic il y a une série de petit événements qu’on remarque plus difficilement. Je les appelle des PRECURCEURS. Et ce sont ces précurseurs qui sont vraiment importants car ce sont des avertissements.
Permettez moi une métaphore culinaire :
Les précurseurs sont l’équivalent de l’odeur du gâteaux qui commence à être bien cuit dans le four. Les pics c’est l’odeur de brulé du gâteau déjà trop cuit.
Donc :
- Les précurseurs sont un avertissement , «tu vas être fatigué, fais quelque chose»
- Les pics sont un constat d’échec, «ça y est tu es fatigué». C’est à ce moment là qu’on se dit fatigue, que faire ? et il n’y a plus grand chose à faire (ou presque)…
Continuons l’analogie : pour récupérer le gâteau, il est beaucoup plus difficile d’intervenir lorsqu’il est déjà brûlé, que lorsqu’on en sent simplement l’odeur, là is suffit de le sortir du four ou de baisser le thermostat.
Avec la fatigue c’est pareil, il est beaucoup plus facile et efficace d’intervenir pendant les précurseurs qu’au moment du pic. Voilà donc pourquoi la compréhension des précurseurs est essentielle. Ils nous indiquent le moment où nous pouvons agir le plus efficacement en terme de moyen à mettre en oeuvre pour se reposer. Et c’est exactement à ces moments là qu’on peut exécuter un fameux sommeil flash et s’endormir dans des conditions difficiles !
Mais c’est quoi ces précurseurs concrètement ? Comment on les reconnait ?
Ces précurseurs sont le plus souvent des comportement ou des sensations très anodines pour celui qui a appris toute sa vie à combattre la fatigue.
Des études scientifiques filmant des conducteurs au volant ont montré que les conducteurs commencent à présenter une série de signes caractéristiques de fatigue bien avant qu’eux même ne perçoivent quoi que ce soit : augmentation de la fréquence de battement des cils, activité des mains, modification de la respiration etc.
Il est fort à parier qu’on retrouverait la même chose si on filmait le worker au travail !
Donc, les signes précurseurs sont généralement de trois types : défaut d’attention, mouvements sans raison, changement dans la perception. Ils sont vraiment particuliers à chacun, (les miens sont soulignés)
1. Défaut d’attention :
- alors que vous êtes concentré sur un travail, vous regardez quelques secondes vers la fenêtre, vous avez envie de vous lever et d’aller boire un verre d’eau ou d’aller aux toilettes.
- vous pensez soudainement à autre chose d’anodin.
- vous avez envie de faire un tour sur internet sans objectif précis
- vous perdez le fil de ce que vous faites
- vous avez envie de téléphoner
2. Mouvements
- vous croisez ou décroisez les jambes sans raison
- vous vous touchez le visage, les cheveux
- vous battez beaucoup des cils
- vous avez de grosses respirations ou des respirations plus longues que d’habitude
- vous vous levez sans raison
3. Sensations / perception
- perception des images modifiée, couleurs plus pales (c’est difficile à décrire !)
- la lumière de la fenêtre vous gêne, vous modifiez la luminosité de votre ordinateur
- moins de son
- Si il y a un peu de bruit autour de vous, votre appréciation de l’environnement passe de « sonore » à « bruyant »,
- le bruit devient gênant.
Alors, par rapport ces précurseurs de fatigue, que faire ? La chose IMPORTANTISSIME à faire est de commencer à prêter attention à ces signes. Bientôt vous les mettrez en relation avec des sensations particulières et ce sera de plus en plus facile
Pourquoi les précurseurs sont importants ?
Les précurseurs sont vraiment importants pour deux raisons :
- Comme je l’ai décrit plus haut, ce sont des signes avant coureur.
- L’endormissement est facilité à ce moment là. La nature nous indique quand il faut se reposer et en même temps elle nous donne la possibilité de le faire facilement exactement à ce moment là.
C’est un phénomène bien connu des jeunes maman qui allaitent. Elles se réveillent quand leur bébé à besoin de téter et se rendorment automatiquement quand il a fini, sous l’effet du déploiement d’une hormone particulière. La nature fait vraiment bien les choses car à un besoin (nourrir son petit) elle associe un moyen (se rendormir). Se rendormir est ici effectivement nécessaire car la maman a besoin de repos pour fabriquer le lait et s’occuper de son petit le lendemain.
Dans notre cas, la nature fait également bien les choses. Elle nous donne la possibilité de nous reposer au moment précis ou elle en formule le besoin par les signes précurseurs.
Dans beaucoup de civilisations on retrouve ce moment sous le nom des portes du sommeil.
Fatigue, que faire ? La stratégie du sommeil partagé
La stratégie du sommeil partagé va donc consister à utiliser ses moment particuliers. Nous serons un peu comme le surfeur qui attend patiemment la vague pour l’emmener sur le rivage.
Et maintenant avant d’aller plus loin il va falloir s’entraîner à les remarquer et y répondre d’un façon toute particulière dans un premier temps. C’est ce que nous découvrirons dans les prochains posts.
La suite est arrivée ! elle est ici :
Surfer la vague du sommeil ! L’entrainement, partie 1
Comment se reposer, l’entrainement partie 2
Si vous souhaitez reprendre la série du début, c’est ici :
Sommeil Partagé. Lancement de la série
Téléchargez GRATUITEMENT le guide pratique du sommeil Partagé !
Les 7 Secrets d’un Repos Efficace
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Comment expliquer que l’on ne soit pas fatigué le soir et que l’on dorme très tard le matin ? Le fait d’avoir du mal à se lever signifie t’il forcément que l’on a du sommeil à rattraper ?
Bonsoir Julien,
Pour te répondre de façon générale sans même connaître ton mode de vie, je dirais qu’on a tous une horloge biologique qui nous est propre. Parfois, elle coïncide avec notre mode de vie, parfois pas.
Certains sont du soir, d’autres du matin, certains encore ont besoin de dormir en plusieurs fois … Les études les plus récentes montrent que le mode de sommeil le plus naturel est en deux fois : un premier sommeil, une phase de réveil de quelques heures, puis un second sommeil.
Le fait de s’imposer un mode qui n’est pas le sien peut nous contraindre toute notre vie aux réveils difficiles …
Tu as certainement du mal à te le lever le matin, car tu ne connais pas ton rythme. Décaler ton réveil d’une demi-heure à une heure plus tôt pourrait faire l’affaire …
La capacité à te reposer utilement à d’autres moments pourrait aussi résoudre le problème, car la fatigue n’est qu’un signal qui disparaît si tu apprends à ton organisme à se reposer autrement …
Merci de ton commentaire !
Bonjour votre sujet est tres clair c’est du beau boulot; 1000 encouragements.
Bonjour !
Je suis tombée sur votre site suite à une très très grosse fatigue, le gâteau était bien bien trop cuit dans le four !
En fait, j’ai (de moins en moins) des crises d’angoisse, et je retrouve dans votre façon de gérer la fatigue énormément de bon sens également applicable à la gestion des émotions. Il y a aussi des précurseurs, et la crise c’est quand on a ignoré tous les précurseurs…
Je ne sais pas si le sommeil en temps partagé est une solution pour moi, pour commencer je vais profiter de mon privilège d’avoir un bureau à moi avec une porte pour me reposer après les déjeuners ! Et qui sait, peut-être dormir aussi 🙂
Merci beaucoup d’avoir écrit et partagé votre expérience !!
Bonne continuation !
Bravo Lucie !
Vous m’indiquez également par mail privé que vous venez de réussir une sieste au bureau ! C’est parfait !
N’hésitez pas à rapporter ici la suite de votre expérience, comme vos impressions post sieste, la façon dont s’est passée le reste de la journée etc.
A bientot,
Lionel
Ok, alors, j’ai un peu de mal à raconter mes impressions, mais je vais essayer : j’ai mis un peu de temps à m’endormir, et après, j’étais partagée entre le bien-être lié au fait de m’être écoutée (pour une fois …) et la culpabilité d’avoir pris du temps pour moi … Ambivalent, donc.
Nouvelle tentative aujourd’hui, avec masque et bouchons d’oreille, mais mon minuteur n’a pas sonné … A perfectionner ! Même sensation ambivalente.
Je pense que je vais persister dans la voie, ça me semble être une voie d’écoute de soi, et je sais que j’ai besoin de m’écouter.
A suivre donc…
Bonjour Lucile,
La culpabilité d’avoir pris du temps pour toi peut être recadrée vers quelque chose de positif : par exemple t’être donné les moyens d’être plus productive ou d’être plus disponible aux autres … Donne toi le temps d’identifier les « effets secondaires » bénéfiques du processus 😉
Pour le minuteur ça peut s’arranger !
Continue, tu as quelque chose à découvrir !
A suivre …
Lionel
Bonjour Lionel,
Depuis que je fais des siestes en journée, j’ai l’impression de beaucoup mieux ressentir mes pics de fatigues, et ceux notamment qui sont des pics « trop tard ». Mais maintenant je sais pourquoi.
Je dois aussi parler des fatigues émotionnelles ou mentales qui prennent leur source dans les agressions à nos valeurs profondes. Etre dans l’obligation d’agir contre nos valeurs entraîne une grande fatigue psychique et un besoin de siestes accrues.
Le froid, la pluie, le manque de luminosité mettent aussi mes sens en sommeil et m’entraîne à plus dormir et à allonger mes sieste ou à à les multiplier…
Bonne journée Lionel
A bientôt
Oui, tu as raison, la fatigue est un signal qui peut exprimer « une difficulté » à de multiples niveaux, pas seulement physique.
Tout ce qui s’oppose à nos valeurs et nos croyances fatigue, c’est sur. Notre environnement aussi et c’est pour ça que nous vivons notre fatigue chaque jour différemment et qu’il faut savoir s’y adapter, en ajustant le nombre de sieste et de repos courts.
A bientot !
moi pendant les 3/4 de l’année je dors 4-5heures pas jour en moyenne alors qu’il me faut 9h de sommeil.
Pour moi :
niveau1: bâillement
niveau2: niveau1 + transpiration au niveau du front et paupière lourde.
niveau3: niveau2 + transpiration partout + début de courbature nuque et dos, vue qui commence à baissé, maux de tête
niveau4: niveau3+ sentiment de brulure au niveau des pieds et nuque, vue qui à largement baissé, courbature dans tout le corps et courbature insupportable au repos au niveau des jambes (surtout cuisse)
niveau5: perte de conscience
Conclusion : sans mes études je n’aurais jamais connu ça sachant en plus qu’il m’arrive de ne rien manger pendant 30h (30h c’est rare mais ça peut arriver), je loupe mes déjeuners parce que je me réveille 5min avant les cours (pour avoir 20min de plus de sommeils..), je loupe les repas de midi pour faire une petite sieste de 30min la plupart du temps et je ne mange pas bien le soir car je suis végétarien. Mais je mange très bien le samedi et dimanche par contre.
Il m’arrive d’avoir des carence en certaines vitamines comme quelqu’un de 90ans comme m’a dit mon médecin.
Mais sinon pas de problème grave sur ma santé .
Bon je raconte un peu trop ma vie je crois
Sinon l’article, très agréable à lire et intéressant